Le photovoltaïque agricole
Publié le 2024-10-30 par Nicolas Salleron
Modifié le 2024-11-04
Temps de lecture estimé 7 minute(s)
Table des matières
La production énergétique permet aux agriculteurs de participer activement à la transition énergétique tout en réduisant leurs coûts d’électricité. De nombreux exploitants l’ont bien saisi, et de plus en plus d’entre eux se tournent vers les énergies renouvelables.
En installant ces dispositifs, les exploitations peuvent répondre à une partie de leurs besoins énergétiques. Quelles solutions photovoltaïques agricoles sont disponibles aujourd’hui, et comment sélectionner celle qui répond le mieux aux exigences d’une activité agricole ?
Photovoltaïque agricole : quelles solutions d’autoconsommation choisir ?
Selon l’Ademe, l’électricité représente 16,8 % de la consommation énergétique directe d’une exploitation agricole. Passer à l’autoconsommation est donc une opportunité pour les agriculteurs de réduire leurs coûts de production.
Pour générer leur propre électricité, plusieurs solutions s’offrent aux exploitants agricoles : ils peuvent installer des panneaux solaires en toiture de bâtiments agricoles ou opter pour des modules photovoltaïques au sol. Voici un aperçu des options photovoltaïques destinées aux professionnels du secteur agricole.
Le hangar photovoltaïque : une solution rentable pour les agriculteurs
L’installation de panneaux solaires photovoltaïques sur le toit d’un hangar agricole, qu’il soit déjà existant ou construit pour cet usage, est une option particulièrement avantageuse pour les exploitants. La réalisation d’une telle structure solaire peut être financée de différentes manières :
- Utilisation des fonds propres, en mobilisant la trésorerie de l’exploitation ;
- Recours à un crédit bancaire ;
- Financement participatif ;
- Location de la toiture à un acteur spécialisé dans l’énergie.
Les agriculteurs peuvent également opter pour des bâtiments agricoles photovoltaïques « clé en main ». Dans ce modèle, ils mettent à disposition leur toiture à long terme via un bail emphytéotique auprès d’une entreprise, qui se charge du financement et de la construction du hangar. Cette entreprise couvre ses coûts grâce à l’électricité produite par les panneaux solaires. Pendant toute la durée de ce contrat, généralement de 30 ans, l’agriculteur peut utiliser le hangar pour ses besoins professionnels : entreposage de matériel, abri pour le bétail, stockage des récoltes ou des semences, etc.
À l’issue du bail, le hangar reste en propriété de l’agriculteur, ainsi que l'installation photovoltaïque. Avec une durée de vie des panneaux solaires excédant généralement les 30 ans, le hangar photovoltaïque reste productif bien au-delà de la fin du contrat, continuant à générer de l’électricité et à optimiser les coûts énergétiques de l’exploitation.
Les panneaux solaires au sol : valorisation des terres inexploitées
Les agriculteurs peuvent également opter pour l’installation de panneaux solaires au sol en développant une ferme solaire sur des friches agricoles. Ces parcelles non cultivables se prêtent idéalement à la création d’une centrale photovoltaïque au sol, permettant aux exploitants de générer des revenus supplémentaires sans impacter leurs terres arables. Cette option est d’autant plus avantageuse que les terrains incultes sont parfois soumis à une taxe foncière, devenant ainsi une charge pour l’agriculteur. En les valorisant par le biais d’une installation solaire, ces terres inutilisées deviennent une source de profit et contribuent à l’autonomie énergétique de l’exploitation.
L’agrivoltaïsme : une synergie entre agriculture et énergie solaire
L’agrivoltaïsme est un nouveau mode de développement du photovltaïque, qui associe la production agricole et la génération d’électricité solaire sur une même parcelle. Encadrée par la législation depuis 2023, cette pratique exige que l’activité agricole soit prioritaire sur la production électrique. L’installation photovoltaïque doit apporter des amélioration à la production agricole, en plus de son rôle premier de production électrique.
Ce type d'installation photovoltaïque peut s'adapter à de nombreux types de productions agricoles, comme l'élevage, les grandes cultures, l'arboriculture ou le maraîchage. Aujourd'hui, l'agrivoltaïsme en est encore à ses débuts, et les projets en cours de développement nous fourniront des retours d'expérience précieux dans les années à venir.
Ainsi, l’agrivoltaïsme soutient à la fois la productivité agricole et la transition énergétique, et le cadre légal impose un modèle de synergie entre les deux activité.
A lire : notre article sur l'agrivoltaïsme.
Quel mode d’autoconsommation choisir pour votre exploitation agricole ?
En plus de sélectionner la technologie photovoltaïque adaptée, il est essentiel pour chaque exploitation de déterminer le mode d’autoconsommation qui répond le mieux à ses besoins. Parmi les options disponibles, l’exploitant peut opter pour :
- L’autoconsommation totale, où toute l’énergie produite est directement consommée sur le site sans vente de surplus au réseau ;
- L’autoconsommation avec vente du surplus, qui permet à l’exploitation de consommer une partie de sa production et de vendre l’excédent au tarif d’achat photovoltaïque ;
- La vente totale d’électricité, où l’exploitant vend l’intégralité de l’électricité produite via une obligation d’achat ou un appel d’offres, sans consommation personnelle.
Le choix du mode d’autoconsommation dépend de facteurs comme la taille de l’exploitation, les contraintes techniques et géographiques, ainsi que le type d’activité (culture ou élevage). Chaque exploitation peut ainsi trouver une ou plusieurs solutions adaptées à ses besoins spécifiques. Pour identifier la solution optimale, il est conseillé de faire appel à un expert du photovoltaïque, tel que Mon Parc Solaire, pour une analyse personnalisée de vos besoins.
Les aides disponibles pour les agriculteurs passant à l’autoconsommation
Pour encourager les agriculteurs à adopter l’autoconsommation, diverses aides financières sont disponibles afin de soutenir l’installation de panneaux solaires photovoltaïques. Parmi les principales, on trouve la prime à l’autoconsommation.
La prime à l’autoconsommation
La prime à l’autoconsommation aide les agriculteurs à réduire l’investissement initial nécessaire. Elle est calculée en fonction de la puissance-crête de l’installation photovoltaïque. Ce soutien financier, fixé par les pouvoirs publics, est réévalué chaque trimestre. Voici les montants applicables pour ce trimestre :
Puissance PV | Montant de la prime |
---|---|
≤ 3kwc | 260 euros / kWh |
≤ 9kwc | 190 euros / kWh |
≤ 36kwc | 190 euros / kWh |
≤100kwc | 100 euros / kWh |
≤ 500kwc | – |
Pour les installations de moins de 9 kWc, la prime à l’autoconsommation est versée en une seule fois. En revanche, pour les puissances supérieures, le versement s’étale sur une période de 5 ans, ce qui est souvent le cas pour les exploitations agricoles.
L’obligation d’achat de l’électricité
L’obligation d’achat photovoltaïque constitue un moyen efficace de rentabiliser les panneaux solaires. Ce contrat, d'une durée de 20 ans, est signé avec un opérateur agréé tel qu’EDF OA. Il permet de vendre la totalité ou une partie de la production photovoltaïque à un tarif déterminé par l'État, qui est révisé tous les trimestres. Cette option offre aux agriculteurs une sécurité financière en garantissant un revenu stable issu de leur production d’électricité.
Puissance PV | Tarif d'achat du kWh en vente du surplus | Tarif d'achat du kWh en vente totale |
---|---|---|
≤ 3kwc | 0,1276€/kWh | 0,1205€/kWh |
≤ 9kwc | 0,1276€/kWh | 0,1024€/kWh |
≤ 36kwc | 0,0765€/kWh | 0,1318€/kWh |
≤100kwc | 0,0765€/kWh | 0,1146€/kWh |
≤ 500kwc | – | 0,1088€/kWh |
L’obligation d’achat de l’électricité
L’installation de panneaux solaires photovoltaïques est soumise à la TVA. Cependant, les exploitations agricoles, en tant qu'entreprises assujetties à la TVA, peuvent récupérer cette taxe sur l’achat et l’installation des panneaux photovoltaïques.
La réduction de l’IFER
Selon le Code général des impôts, les exploitations agricoles qui choisissent d’installer une centrale solaire d'une puissance supérieure à 100 kWc doivent s'acquitter de l’IFER (Imposition Forfaitaire des Entreprises de Réseaux). Toutefois, durant les 20 premières années d’exploitation, un taux d’IFER réduit s'applique, fixé à 3,394 € par kilowatt de puissance électrique installée, au lieu de 8,16 €.
Le Bulletin Officiel des Finances Publiques précise que l’IFER n’est pas exigible pour les centrales « exploitées par les consommateurs finaux d’électricité pour leur propre usage ».
Les aides locales et des Chambres d’agriculture
Certaines collectivités locales ou chambres d’agriculture peuvent offrir des subventions pour soutenir l’autoconsommation agricole. Il est conseillé de se renseigner auprès de la Chambre d’Agriculture de votre région ou de la mairie de votre commune pour connaître les dispositifs d’aides disponibles.
Panneaux solaires agricoles : quelle rentabilité ?
La rentabilité d’une installation photovoltaïque en autoconsommation pour un agriculteur repose sur l’investissement initial et la capacité de production. Plusieurs éléments influencent cette rentabilité :
- La puissance de l’installation ;
- Le taux d’ensoleillement de la région ;
- L’orientation et l’inclinaison des panneaux solaires ;
- Les besoins énergétiques de l’exploitation agricole ;
- Le prix de vente de l’électricité.
En règle générale, une analyse préalable est effectuée pour évaluer les gisements solaires et estimer la rentabilité à long terme du projet. À titre indicatif, un hectare de panneaux photovoltaïques peut générer une puissance d’environ 1 MWc, bien que cela varie en fonction de l’ensoleillement local.
En plus des revenus tirés de la consommation ou de la vente d’électricité, il est essentiel de prendre en compte les bénéfices externes associés à l’installation solaire. Par exemple, les panneaux solaires placés au-dessus des cultures maraîchères peuvent contribuer à des économies d’eau en offrant une protection contre l’évaporation.